Beautiful British Colombia

 

DSC01625Les traditions artistiques si caractéristiques des peuples autochtones de la côte nord-ouest de l’Amérique du nord qui, il y a vingt ans ne sortaient guère des musées sont maintenant partout. Mâts totémiques, dallages dans les immeubles modernes et mobilier urbain utilisant l’art graphique des Haidas, des Tsimshians, Squamishs. Ces peuples qui ont accueilli avec beaucoup de gentillesse les premiers explorateurs occupaient la province depuis dix mille ans quand la ruée vers l’or du canyon Fraser amena en 1858 plus de vingt cinq mille personnes. Comme une nuée de sauterelles, bûcherons, prospecteurs, mineurs, trappeurs, pêcheurs envahirent leurs territoires et exproprièrent les peuples premiers.

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Le sculpteur Bill Reid moitié européen, moitié Haida s’est largement inspiré des motifs traditionnels de la tribu de sa mère, créant des œuvres originales que l’on peut voir un peu partout dans Vancouver. Un musée lui est même spécialement dédié. Malgré cet engouement les peuples premiers peinent à faire respecter leurs droits mais au moins ne sont-ils plus invisibles. Toute la province est jalonnée de panneaux racontant leur histoire, leurs coutumes si on prend le temps de les lire.

Ceux qui ont eu la chance de se trouver à l’écart des routes de pénétration des européens comme le peuple Gitxsam qui anime le joli village musée de Ksan au confluent de la rivière Skeena et bulkley ont été un peu plus longtemps protégés. Aujourd’hui avec le musée, l’atelier de sculpture et de sérigraphie et les revenus touristiques, ils peuvent transmettre leur culture et leurs valeurs à leurs enfants. Avec les coureurs des bois français, l’histoire avait pourtant bien commencé. Si les britanniques au lieu de les parquer dans les réserves avaient continué à coopérer avec les autochtones, le sort de l’Amérique du nord eut été bien différent.

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Toute à l’extrémité ouest du Canada la Colombie Britannique mérite bien le « beautiful » que l’on retrouve sur toutes les plaques minéralogiques des automobilistes de cette grande province. Un pays où les lacs, les forêts, les montagnes dominent, un pays où les villes sont minoritaires et surtout cantonnées au sud le long de la frontière de l’état de Washington aux USA. Elles suivent aussi la vallée du Fleuve Fraser mais au-delà de Prince Georges, les ours, les bisons, les élans, toute la vie sauvage reprend ses droits si bien que la carte routière que je me suis procuré ignore carrément le nord de la province.

Les petites villes, les villages disséminés jusqu’au soixantième parallèle nord sont si bien espacés qu’il vaut mieux vérifier la jauge d’essence avant de s’aventurer sur la Alaska Highway. En septembre, mi octobre assez peu de touristes s’aventurent au nord de Prince Georges, si les journées sont encore bien ensoleillées, les nuits peuvent être déjà fraîches voire glaciales. Une liberté appréciable après la cohue des parcs nationaux de Banff et Jasper, avec leurs problèmes de parking, de camping, leurs chemins de randonnée plus fréquentés que les grands boulevards parisiens un dimanche de printemps. Facile de dénicher chaque soir un bivouac de rêve, au bord d’un lac pour regarder le soleil se coucher, au cœur de bois d’où émergent des sommets enneigés, aux bords de rivières aux eaux laiteuses avec vue sur glacier. S’arrêter sans gêner pour photographier un ours noir qui mange en bordure de route ou s’attendrir devant le couple d’une bisonne et son petit. Surprendre un vison traversant à toute vitesse. Le mystère d’un lac noyé de volutes de brume où un plongeon solitaire se laisse porter et voir chaque jour l’automne dorer un peu plus les forêts.

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Cependant ce n’est pas un hasard si les parcs attirent autant de monde. Cette partie des Rocheuses est réellement extraordinairement belle. Ces lacs turquoises nichés au pied de hautes montagnes qui se perdent dans les nuages, du roc brut couronné de glaciers, des cascades tonitruantes s’élançant de parois verticales.

 

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De brusques cassures transformant de larges et paisibles rivières en furies s’engouffrant sous un pont de pierre naturel ou comme la cascade Athabasca dévalant un escalier de roches plates pour se couler dans un étroit passage rocheux avant de retrouver dix à quinze mètres plus bas un cours paresseux. Des sous bois où profitant de la pluie de ces derniers jours s’épanouissent une variété infinie de champignons, de lichens.

 

Pour admirer les champs de glaces Colombia au sud du parc Jasper rien de tel que de prendre de la hauteur sur les montagnes d’en face et ainsi troquer les horribles touristes chinois contre de paisibles mouflons. Une profusion de glace sur des kilomètres et des kilomètres, une démesure si courante en Amérique. Malgré un recul de 1500m en un siècle et demi le glacier Athabasca reste encore le plus imposant.

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Cependant à conditions de prendre le temps il est facile de trouver des perles à l’écart du tourisme de masse sans même entreprendre de longues randonnées dans les Rocheuses. Un peu à l’écart de la route principale, le parc national Yoho est un petit bijou presque désert en cette fin d’été. S’arrêter au col Howse lien entre les versants est des Rocheuse et la vallée du Colombia. Situé sur la ligne de partage des eaux il surplombe la vallée de la Saskachewan qui rejoint le lac Winnipeg à l’est. En période de basses eaux elle s’étale largement offrant des arabesques serpentant parmi les bancs de sable, un beau contraste de beige et de gris bleu miroitant dans le soleil.

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A partir de Watson Lake, l’Alaska Highway en dent de scie, passe plusieurs fois du Yukon à la Colombie britannique, pour finalement après Teslin filer tout droit jusque Whithorse. Mais je ne vais pas si loin la corne nord ouest de la province où je suis passé trop rapidement à mon goût il y a une vingtaine d’années est mon ultime but. Encore au Yukon, Carcross au bord de la baie Grayling où se reflètent les montagnes est toujours aussi éblouissant mais le village endormi, plein de charme avec, sa gare, son hôtel, ses bâtiments en bois est devenu un spot touristique recherché. Les parking, le centre des visiteurs entouré de barques souvenirs, peinturlurées des motifs traditionnels Tlingit aux couleurs criardes cassent le charme pendant que laissées à l’abandon les cabanes construites en bordure du lac tombent en ruine. C’est toute l’harmonie désuète du village qui est perdue.

La disparition de la calotte glacière qui recouvraient jadis la chaîne côtière a laissé une multitude de lacs largement utilisé par les 100 000 chercheurs d’or débarqués tout au bout du passage intérieur pour rejoindre Dawson via le fleuve Yukon. Arrivés au lac Bennett ils s’arrêtaient pour construire des radeaux ou des bateaux, déboisant les forêts alentours. La région s’est reboisée mais la glace à façonnée pour toujours le paysage. Les glaciers ont disparu laissant des lacs bleu canard tout en longueur, des bancs de rochers arrondi, raboté, usé et couvert de lichen dominé par des pics acérés aux sommets encore enneigés. De petits glaciers se nichent dans les creux.

Un territoire presque désert, le seul village Atlin, de cette partie de Colombie Britannique ne compte que 450 résidents. Avant la ruée vers l’or la région était le domaine des chasseurs- cueilleurs Tagish. Un paisible bout du monde dans un paysage grandiose.

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Il est maintenant temps de rejoindre Vancouver en longeant, vers le sud la chaîne côtière, avec quelques perles tout au long de la route, pour finir en beauté avec la magnifique route 99. Trois cent kilomètres de concentré touristiques, des lacs aux couleurs extraordinaires, des cascades somptueuses, des rivières enchâssées dans de hautes montagnes couronnées elles aussi de glaciers et tout près de la ville des fjords enfoncés dans les terres.

Ce que le survol de la Colombie britannique m’avait laissé deviner est confirmé ce pays est vraiment éblouissant.

 

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Pour plus de détails voir lescarnetsdevoyagesdemillespasplusloin

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